Pré-requis : Chapitres de première : les marchés imparfaits ; le financement de l’économie, la monnaie ; chapitre de terminale sur les politiques économiques (Quelles politiques économique dans le cadre européen ? et Quelles politiques pour l’environnement ?)
Objectifs :
• Savoir donner les principales caractéristiques de la crise financière des années 1930 et de celle de 2008 : effondrement boursier, faillites en chaîne, chute du PIB et accroissement du chômage.
• Savoir expliquer et savoir illustrer la formation et l’éclatement d’une bulle spéculative : savoir illustrer les comportements mimétiques et les prophéties auto réalisatrices
• Savoir expliquer les phénomènes de panique bancaire et de faillites bancaires en chaîne.
• Savoir expliquer les principaux canaux de transmission d’une crise financière à l’économie réelle : effets de richesse négatif, baisse du prix du collatéral et ventes forcées, contraction du crédit.
• Savoir donner les principaux instruments de régulation du système bancaire et financier qui permettent de réduire l’aléa moral des banques : supervision des banques par la banque centrale, ratio de solvabilité.
Plan du chapitre
10.1 Quelles sont les principales caractéristiques de la crise financière des années 1930 et de celle de 2008 ?
10.2 Comment expliquer les crises financières par la formation et l’éclatement d’une bulle spéculative ?
10.3. Comment expliquer la panique bancaire et les faillites bancaires en chaîne?
10.4 Quels sont les principaux canaux de transmission d’une crise financière à l’économie réelle ?
10.5 Quels sont les principaux instruments de régulation du système bancaire et financier ?
Sensibilisation
Le samedi 7 février 2009, peu avant l’aube, 3 582 pompiers sont intervenus sur l’ensemble du territoire de l’État australien du Victoria. Ce jour-là, les feux de brousse ont dévasté 400 000 hectares, détruit 2 056 maisons et ôté la vie à 173 personnes. Les Australiens ont qualifié cette journée de « Samedi noir » (Black Saturday, en anglais).
Cependant, ce matin-là, aucune alerte d’incendie n’avait été lancée. Comment les pompiers de l’État du Victoria ont-ils donc été alertés ? Ils l’ont été grâce à un indicateur appelé l’indice de danger d’incendie de forêt de McArthur (McArthur Forest Fire Danger Index ou FFDI, en anglais) qui, la veille, avait dépassé ce qui était (jusque-là) son niveau maximal calibré à 100, un niveau qui avait été atteint seulement lors des feux de brousse de janvier 1939. Lorsque cet indice est supérieur à 50, il indique un danger « extrême ». Une valeur excédant 100 représente un danger « catastrophique ». Le 6 février 2009, l’indice FFDI avait atteint 160.
Ce n’était pas une simple étincelle ou un éclair qui avait causé le Samedi noir. Tous les jours, des étincelles provoquent des petits feux de brousse et, pour cette seule journée, la Commission royale signala 316 cas distincts de feux d’herbe, de broussaille ou de forêt. Ce sont des circonstances particulières qui transformèrent des feux apparemment sans réel danger en un désastre sans précédent.
Comme pour le Samedi noir, de petites causes ont parfois des conséquences très importantes. Dans le cas d’un réseau électrique, la défaillance d’un seul maillon du réseau entraîne la surcharge d’autres maillons, entraînant des coupures électriques en cascade. Les avalanches constituent un autre exemple naturel.
On retrouve également ce phénomène d’effet papillon (petites causes aux lourdes conséquences) en économie, par exemple lors de la Grande Dépression des années 1930 ou lors de la crise financière mondiale de 2008.
Contrairement aux feux de brousse au sud-est de l’Australie en 2009, la crise financière mondiale a pris par surprise les ménages, les entreprises et les gouvernements du monde entier. Le potentiel d’une croissance fondée sur l’endettement à créer de tels ravages fut complètement négligé durant les années précédentes de croissance stable, caractérisées par une gestion macroéconomique apparemment réussie et que l’on a appelées la Grande Modération.
Les décideurs économiques à l’échelle mondiale n’étaient tout simplement pas préparés. Ils découvrirent à cette occasion qu’une longue période d’accalmie sur les marchés financiers pouvait rendre une crise plus probable. C’est un argument que l’économiste Hyman Minsky avait pourtant avancé bien avant la Grande Modération. En 1982, Minsky écrivit un ouvrage intitulé Can “It” Happen Again? (Est-ce que cela peut se reproduire ?, en français) sur le fait que des périodes de tranquillité conduisent les entreprises à recourir à des méthodes de financement de leurs investissements plus risquées. En d’autres termes, une période telle que la Grande Modération contenait les germes de la prochaine crise financière. Son avertissement fut ignore.
De nombreux économistes continuèrent de penser que l’instabilité économique était un phénomène du passé, jusqu’à ce que la crise éclate. C’est comme si les pompiers australiens avaient appris que l’indice FFDI avait atteint un niveau de 160, mais qu’ils n’avaient pas réagi, parce qu’ils ne pensaient pas qu’un incendie soit possible.
À quelques exceptions près, la plupart des décideurs politiques et leurs conseillers économiques continuaient de penser que le secteur financier était capable de s’autoréguler. Au lieu de se montrer plus vigilants, les économistes et régulateurs se complaisaient dans cette période d’accalmie que fut la Grande Modération.
Certaines des personnes impliquées admirent par la suite que leurs anticipations sur la stabilité de l’économie étaient erronées. Par exemple, Alan Greenspan, l’ancien président de la banque centrale américaine (la Réserve fédérale), reconnut que la crise financière avait révélé un « défaut » dans sa croyance que des marchés libres et concurrentiels garantissaient la stabilité financière.
Pour les économistes et les historiens, les événements de 2008 ressemblaient de façon inquiétante aux événements qui avaient marqué le début de la Grande Dépression de 1929. Les causes de la Grande Dépression nous apparaissent comme étant dramatiques, et ont dû être terrifiantes pour ceux qui les ont réellement vécues. Ainsi, les événements de 2008 montrent également comment le fait de ne pas tirer entièrement les enseignements de l’histoire crée les conditions de nouvelles crises.
Illustration Mère migrante de Dorothea Lange (1936).

Library of Congress, Prints & Photographs Division, FSA/OWI Collection, LC-DIG-fsa-8b29516.
Notes : Pour beaucoup, la « Mère migrante » de Dorothea Lange est l’image la plus emblématique de la Grande Dépression, illustrant les conditions misérables dans lesquelles beaucoup de personnes se sont trouvées au cours de cette période. Sur cette photo, Florence Owens Thompson, ouvrière agricole migrante, âgée de 32 ans, et trois de ses enfants sont pris, blottis les uns contre les autres, dans une tente dans un camp de cueilleurs de pois à Nipomo, en Californie.
En 2008, les économistes se sont souvenus des leçons de la Grande Dépression aux États-Unis : ils ont alors encouragé les décideurs publics à adopter des actions concertées à l’échelle internationale pour garder le système bancaire en état de fonctionnement et stopper l’effondrement de la demande agrégée. En novembre 2008, lors du sommet du G20 à Washington, le Premier ministre britannique Gordon Brown dit aux journalistes : « Nous devons nous accorder sur l’importance de coordonner les politiques monétaires et budgétaires. Il y a urgence. En agissant maintenant, nous pouvons stimuler la croissance dans toutes nos économies. Le coût de l’inaction sera bien plus important que le coût de n’importe quelle action. » Nombre de décideurs politiques influents dans cette crise étaient alors des économistes qui avaient étudié la Grande Dépression. Ils appliquèrent les leçons tirées de leur analyse.
10.1 Quelles sont les principales caractéristiques de la crise financière des années 1930 et de celle de 2008 ?
Document : La crise financière, une triple crise
Une crise financière résulte de la combinaison d’une crise boursière (ou krach boursier), d’une crise bancaire et, la plupart du temps d’une crise de change. Une crise boursière se traduit par un effondrement général du cours des titres sur une ou plusieurs places boursières. Cette chute de la valeur des titres s’explique par des ventes massives qui résulte d’une crise de confiance des opérateurs. La crise boursière d’octobre 1929 aux Etats Unis marque le début de la crise des années 1930. Une crise bancaire est une dégradation de la situation des banques qui sont victimes d’une perte de confiance (…). Les crises bancaires peuvent se traduire par des faillites bancaires en chaîne et culminer en crise systémique (comme aux Etats Unis lors de la crise de 1929). Une crise de change se manifeste par la chute brutale du cours du change d’une ou plusieurs devises. (…) En 1987, la place de New York et d’autres places dans le monde ont été affectées par une crise boursière importante articulée à une crise de change (chute du dollar)
Source : Dictionnaire de science économique, 5ème édition, A. Beitone, A. Cazorla, E. Hemdane
Question 1 : Rappeler les définitions de « titres », donner des exemples de titres et les raisons d’en acheter.
Question 2 : Rappeler la définition de « taux de change », le nom donné à la baisse de la valeur d’une monnaie et les raisons possibles de la baisse de la valeur de cette monnaie
Question 3 : Quelle est la définition d’une crise financière.
Document 2 : Crise financière et risque systémique : des effets dépressifs sur l’activité économique
Les crises financières traduisent en général une instabilité financière forte. Elles désignent des perturbations sur les marchés bancaires et financiers qui conduisent à la défaillance d’établissements bancaires et financiers, avec un risque de propagation à l’ensemble du système financier– que l’on qualifie de « risque systémique » – de telle sorte qu’est mise en danger l’une au moins des trois fonctions clés du système financier: l’allocation du crédit et des capitaux, la circulation des moyens de paiement et l’évaluation des actifs financiers. Les crises financières sont d’une ampleur variable. Les plus graves, telles celles de 1929 ou de 2008, ont des effets dépressifs importants sur l’activité économique.
Source : Encyclopedia Universalis, article « crise financière » écrit par Dominique PLIHON: professeur d’économie à l’université de Paris-XIII-Villetaneuse
Question 1 : Quelles sont les trois fonctions du système financier ? Expliquez ces fonctions.
Question 2 : Qu’est- ce que le risque systémique ?
Document 3 : Définition de spéculation
Selon N. Kaldor (1939), la spéculation peut se définir comme l’achat (ou la vente) de marchandises en vue d’une revente (ou d’un rachat) à une date ultérieure, là où le mobile d’une telle action est l’anticipation d’un changement des prix en vigueur, et non un avantage résultant de leur emploi
Question : Illustrer la définition donnée de la spéculation.
Document 4 Choc externe ou instabilité endogène au capitalisme ?
Les économistes ont cherché depuis longtemps à expliquer les raisons qui sous-tendent les phénomènes d’instabilité et de crises financières. Deux courants de pensée s’opposent à ce sujet : il y a, d’un côté, les théoriciens qui ont une vision optimiste du fonctionnement de la sphère financière et qui considèrent que, dans les circonstances habituelles, les marchés fonctionnent bien et tendent à converger spontanément vers l’équilibre. Pour eux, l’instabilité et les crises financières correspondent à des épisodes exceptionnels et sont généralement causées par des facteurs exogènes, c’est-à-dire extérieurs à la sphère financière, tels que des politiques publiques inadaptées. Le second courant de pensée considère, au contraire, que l’instabilité et les crises financières sont endogènes, c’est-à-dire inhérentes au fonctionnement même de la finance et du capitalisme. Selon cette conception, les comportements des agents économiques et les imperfections des marchés sont à l’origine des dysfonctionnements récurrents de la finance.
Source : Encyclopedia Universalis, article « crise financière » écrit par Dominique PLIHON: professeur d’économie à l’université de Paris-XIII-Villetaneuse
Question: Quels sont les deux modèles utilisés pour expliquer les crises financières ?
Document 5: La crise financière expliquée comme le résultat d’un choc externe
Les paniques bancaires sont plus à même de se produire lorsque les bilans des banques sont affaiblis, augmentant la probabilité de défaillances bancaires. Cette vulnérabilité des banques peut être imputée au fait que les autorités chargées de surveiller les banques ont mal fonctionné et n’ont pu détecter les risques de défaillance ; les banques peuvent également être victimes de chocs (crise économique ou politique) entraînant une dégradation rapide de leur bilan.
Source : Dominique PLIHON, « CRISES FINANCIÈRES – Instabilité financière », EncyclopædiaUniversalis [en ligne], consulté le 14 avril 2021.
URL : http://www.universalis.edu.com/encyclopedie/crises-financieres-instabilite-financiere/
Document 6: Exemple de crise bancaire et de phénomène de panique bancaire : faillites bancaires en chaîne provoquées par un choc externe
Vidéo : Ce film explique la façon dont un établissement financier peut se retrouver au cœur d’une crise majeure, qui se propage de banque en banque puis à toute l’économie https://www.citeco.fr/comprendre-la-crise-%C3%A9conomique-de-2008
Question 1: Qu’est-ce que le passif d’une banque ? Son actif ? Comment se rémunère-t-elle ?
Question 2: Dans cette vidéo, pourquoi la banque risque-t-elle de faire faillite ?
Question 3: Qu’est-ce que l’effet domino ? A-t-on observé un « effet domino » lors des crises de 1929 et de 2008 ?
Question 4: Dans cette vidéo, à quel évènement est dû la crise bancaire ? Peut-on dire que la crise de 1929 ou celle de 2008 soit due à un choc politique similaire ?
Document 7: La crise financière expliquée comme une instabilité endogène au capitalisme (Minsky)
Une approche plus radicale, qualifiée d’« hypothèse d’instabilité financière », a été proposée par Hyman Minsky (1982) pour qui les crises sont endogènes au fonctionnement de l’économie capitaliste. Minsky raisonne dans le cadre d’une économie où, (…) les comportements financiers des agents sont « naturellement » déstabilisants. Minsky relie la fragilité financière des économies capitalistes au cycle des affaires et associe les crises financières au point de retournement de celui-ci. Pendant la phase ascendante du cycle, les entreprises sont « euphoriques » : les opportunités de profit vont stimuler leur recours à l’endettement pour soutenir leurs projets d’investissement. Durant le boom de l’investissement, l’économie se déplace d’une structure financière robuste vers une structure financière fragilisée par le surendettement et la spéculation. (…). La forte demande de crédit entraîne une hausse des taux d’intérêt, amplifiée par les autorités monétaires qui tentent de lutter contre une création excessive de liquidités. Cette hausse du taux d’intérêt constitue le déclenchement endogène de la crise. En effet, les entreprises surendettées (…) sont mises en difficulté : leurs actifs liquides deviennent insuffisants pour payer les intérêts et rembourser les dettes. Il s’ensuit des ventes de détresse, un effondrement des prix des biens et des actifs financiers, ainsi qu’un arrêt des investissements. On assiste alors à une crise financière qui précipite le retournement du cycle économique.
Source : Dominique PLIHON, « CRISES FINANCIÈRES – Instabilité financière », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 avril 2021. URL : http://www.universalis edu.com/encyclopedie/crises-financieres-instabilite-financiere/
Question : Comment Minsky explique-t-il les crises financières ? Ce modèle permet-il d’expliquer la crise de 1929 et celle de 2008 ? Justifier.
Les caractéristiques de la crise des années 1930
Objectif: Connaître les principales caractéristiques de la crise financière des années 1930
Document 8
Les années 1920, appelées roaring twenties en raison de la prospérité qui les accompagne, voient le développement d’un phénomène ancien, la spéculation, se faire dans des formes importantes sur les marchés financiers, au point d’en inquiéter les autorités. En effet, les cours de la Bourse de New York augmentent d’environ 12% par an dans les années 1920, ce qui correspond à un triplement en moins de dix ans. Au cours de l’année précédant le krach, de septembre 1928 à septembre 1929, l’indice Dow Jones double. Cette spéculation est largement soutenue par le développement du crédit. Les spéculateurs s’endettent pour acheter des actions qu’ils espèrent revendre à un prix plus élevé et ainsi réaliser une plus-value rapide, leur permettant de rembourser leur crédit et de conserver un profit important. Cette pratique est néanmoins fort risquée puisqu’en cas de pertes, celles-ci sont démultiplié es par l’ampleur de l’endettement du spéculateur. Or, 80 % des achats d’actions sont réalisés à crédit en 1929. Dans un contexte de surendettement ne se limitant pas aux Etats-Unis, plusieurs événements vont conduire à une série de faillites bancaires, ce qui conduit à une diminution du crédit et à une baisse du financement de l’économie. La première crise bancaire commence en octobre 1930, un an après l’effondrement boursier, et se termine en janvier 1931 ; d’autres faillites auront lieu en 1931, puis en 1932-1933 ; enfin en 1933, le Président Roosevelt nouvellement élu dé clare dix jours de fermeture (temporaire) des banques pour éteindre la panique. Fermeture qui s’avèrera définitive pour 1500 banques dans cette dernière vague de faillites. Au total le nombre de banques a été divisé par deux aux Etats-Unis, de 25 000 à 12 000 (Hautcoeur, 2009). L’effondrement des cours boursiers a repris en 1930 et se poursuivra jusqu’en 1932 : les cours ont alors perdu 90 % de leur valeur de 1929. Se conjuguant avec les faillites bancaires et les pertes des déposants, l’effondrement des cours boursiers constitue un effet de richesse négatif : il réduit le patrimoine de certains ménages qui vont par conséquent limiter leur consommation et leur investissement logement. La baisse de la demande sur le marché des biens et services et le marché de l’immobilier entraîne alors la baisse d’autres prix comme celui de l’immobilier – ce qui réduit là encore le patrimoine des ménages. Les phénomènes décrits ci-dessus conduisent à une augmentation de l’incertitude, ce qui incite les consommateurs à reporter leurs achats de biens durables. Les faillites bancaires ont fait disparaître une partie de l’épargne des ménages et réduit leurs possibilités d’effectuer des achats. De même et de façon plus importante, ces faillites bancaires réduisent le financement de l’économie, l’investissement se contracte, la production diminue, la crise s’aggrave et les licenciements augmentent. Si les prix diminuaient déjà depuis 1925- 1926 dans le monde entier, la crise aggrave la déflation qui pèse à la baisse sur l’activité . D’après les données de la Société des Nations, la production industrielle entre 1929 et 1932, a diminué de 46 % aux Etats-Unis, de 42 % en Allemagne, de 23 % en France et de 16 % au Royaume-Uni. Le chômage passe de 3 % à 15 % de la population active aux Etats-Unis, ce qui représente 15 millions de personnes en 1933. Tous les secteurs sont touchés, l’industrie comme l’agriculture où nombre d’exploitants sont ruinés et doivent vendre leurs terres. Ces événements encouragent les migrations d’une région à l’autre ; la misère et les bidonvilles se développement. Le phénomène n’est pas limité aux Etats-Unis puisque le taux de chômage a atteint 26,6 % en 1931 au Royaume-Uni, 33,7 % en 1930 en Allemagne pour rester durablement entre 10 % et 15 % dans ces pays.
Source: Philippe Aghion, Pierre-Michel Menger, « comment expliquer les crises financières et réguler le système financier », Campus de l’innovation pour les lycées, collège de France, 2021.
Question 1. Expliquer le déroulement de la crise financière des années 1930.
Question 2. Justifiez mathématiquement la phrase en gras.
Les caractéristiques de la crise de 2008
Objectif: Comprendre les caractéristiques de la crise de 2008 (effondrement boursier, faillites en chaîne, chute du PIB et accroissement du chômage)
Document 9
La crise financière déclenchée en aout 2007 est généralement considérée comme la plus importante depuis 1929. (…) Cette crise des subprimes, qui est la conséquence d’une crise des dettes privées, a entraîné ensuite cette crise financière. Cette crise bancaire a pris source sur le marché du crédit hypothécaire aux Etats-Unis. Pendant le début des années 2000, dans un contexte de politique monétaire accommodante et de croissance soutenue de l’économie américaine, les banques ont accordé des crédits immobiliers à des ménages peu solvables. Ces crédits étaient à taux variables (faibles au début, puis fortement croissants ensuite) et ils étaient garantis par la valeur des biens immobiliers acquis. Dans la première moitié de l’année 2007, le boom de l’immobilier américain s’est interrompu, des défauts de paiements de plus en plus nombreux sont intervenus et ces crédits à risque (crédits subprimes) sont devenus des pertes potentielles pour les banques. On a alors découvert qu’une bonne partie de ces crédits avaient été titrisés, c’est-à-dire transformés en actifs financiers négociables et revendus à d’autres banques attirées par des rendements élevés. Si la titrisation permet en principe de répartir les risques (la banque qui a accordé les prêts en revend une partie à d’autres acteurs financiers) elle conduit aussi à disséminer le risque.
Source : Alain Beitone et alii, Economie, Aide-mémoire, Sirey, 2012
Document: Documentaire Inside Job https://www.dailymotion.com/video/xsmm9n
Question 1. Pourquoi, dans les années 2000, les banques ont-elles accordé des prêts immobiliers à des ménages peu solvables ?
Question 2. Qu’est-ce qui rendait ces crédits dangereux pour les ménages ? Pourquoi les ménages peu solvables ont souhaité acquérir des prêts immobiliers ?
Question 3. Pourquoi, à votre avis, le boom de l’immobilier américain s’interrompt en 2007 ?
Question 4. Pourquoi la crise de l’endettement privé devient-elle une crise bancaire ?
Question 5. Expliquer la dernière phrase.
Synthèse: Comparez les caractéristiques de la crise de 1929 avec celles de la crise de 2008
10.2 Comment expliquer les crises financières par la formation et l’éclatement d’une bulle spéculative ?
Objectif : Comprendre et savoir illustrer la formation et l’éclatement d’une bulle spéculative (comportements mimétiques et prophéties auto-réalisatrices).
Document 10 : Une des premières crises financières : l’éclatement d’une « bulle spéculative » sur le prix de la Tulipe
Citant Charles Mackay, John Kenneth Galbraith, dans sa Brève Histoire de l’euphorie financière (1992, édition française), évoque l’histoire de ce jeune marin hollandais du XVIIe siècle qui s’en alla déguster un beau hareng rouge, avec ce qu’il croyait être un oignon. L’objet de sa gourmandise était en fait un bulbe de Semper Augustus, tout juste arrivé du Levant et dont son propriétaire avait aussitôt constaté qu’il manquait à la cargaison fraîchement débarquée : il valait alors, au plus fort de la « tulipomanie » en 1636, quelque 3 000 florins, soit bien assez pour acquérir « un carrosse neuf, deux chevaux gris et leur harnais » ! Importée en Europe occidentale, à partir du XVIe siècle, des pays de la Méditerranée orientale et, plus à l’est, de Constantinople notamment, la tulipe suscita en Hollande un engouement incroyable. La fascination des collectionneurs céda bientôt la place à des échanges purement spéculatifs. La spéculation se fixa là sur un bien étrange support, une fleur. Mais, tant que l’engouement persistait, chacun pouvait acheter un jour donné, même à un prix exorbitant et sans mesure aucune avec la valeur intrinsèque de la tulipe, en pensant pouvoir revendre à un prix encore plus démentiel le lendemain. Tant que tout le monde pensait ainsi, se berçant d’illusions, la bulle, en l’occurrence l’écart grandissant entre une valeur d’échange faramineuse et la faible valeur intrinsèque d’un bulbe de fleur, pouvait gonfler encore et encore. Sans qu’on sache l’expliquer, le retournement brutal eut lieu en 1637 : panique, ruines et faillites mirent fin au rêve hollandais, plongeant l’économie dans une récession durable.
Source : Jézabel COUPPEY, « TULIPOMANIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 13 avril 2021. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/tulipomanie/
Question 1: Pourquoi le prix de la tulipe a -t-il augmenté au XVIème siècle ?
Question 2: Relever dans le texte la définition d’une bulle spéculative
Question 3: Comment connaitre la valeur réelle d’un actif ?
Question 4: En quoi la hausse des taux d’intérêt peut permettre de lutter contre une bulle spéculative ?
Document 11: Définition des bulles spéculatives
Ecoute du podcast : https://www.melchior.fr/pourquoi-y-t-il-encore-des-bulles-thomas-renault-maitre-de-conference-l universite-paris-1-pantheon

Question 1: Pourquoi, les agents économiques ont-ils tendance à adopter des comportements mimétiques(=moutonniers) c’est-à-dire à imiter les autres ?
Question 2 : Si tous les agents économiques s’imitent et achètent tous un bien ( actif réel) ou un titre ( actif financier) en pensant que cet actif va prendre de la valeur plus tard, que fait le prix de cet actif ? Pourquoi Keynes parle-t-il alors de « prophétie autoréalisatrice » ou d’ « anticipation autoréalisatrice » ?
10.3. Comment expliquer la panique bancaire et les faillites bancaires en chaîne?
Objectif: Comprendre les phénomènes de panique bancaire et de faillites bancaires en chaîne.
Document 12: De l’euphorie à la panique : bulle et retournement des anticipations
Une bulle immobilière n’est pas un phénomène anodin ; c’est une richesse immense qui se trouve soudainement créée. Aussi offre-t-elle des opportunités de profit exceptionnelles qui ne sauraient laisser indifférents les hommes de la finance. En fournissant du crédit, ceux-ci font leur métier : ils cherchent à s’approprier via les intérêts une part de cette nouvelle richesse. Mais, dans le même temps, ce financement supplémentaire qu’ils dispensent donne une nouvelle impulsion au mouvement haussier. (…) La bulle résulte in fine de l’action coordonnée des acheteurs et des prêteurs. Il en est ainsi parce que les intérêts de ces deux groupes sont partiellement convergents. Ils souhaitent tous deux que la hausse des prix continue. (…) Tous les prêts ont connu de bonnes performances tant que les prix (de l’immobilier) augmentaient. Ce qui est bien évidemment un argument fort pour que les prêteurs continuent à les émettre, voire à faire mieux. C’est un exemple de mimétisme propre au marché financier – faire comme les autres-et de sa rationalité. (…) Le retournement du marché immobilier commence à produire ses effets (…) suite aux difficultés de HSBC et de New century Financial sur les prêts. Fin février ce sont les pertes subies par Novastar, autre grand acteur sur le marché des prêts à risque, qui provoquent une nouvelle hausse de la prime (de risque). (…) la première réaction pour faire face à cette montée brutale de l’incertitude consiste à se replier sur des actifs sûrs, ce que l’on appelle la course à la qualité et à la liquidité. (…) Tous les acteurs cherchent à se procurer des liquidités, que ce soit pour faire face aux difficultés présentes ou dans l’éventualité de difficultés à venir. Face à cette pression, l’offre (de liquidité) disparait : les marchés se bloquent et la liquidité s’assèche.
Source : De l’euphorie à la panique : penser la crise financière. André Orléan, CEPREMAP, 2009
Question 1 : En période de hausse du prix des actifs au- dessus de leur prix d’équilibre est-il rationnel de continuer d’en acheter ? Dans quel but les épargnants achètent-ils des actifs ? Dans quel but les banques continuent-elles à accorder des crédits ?
Question 2 : A quel moment les anticipations des agents se retournent-elles ?Est-il alors rationnel de vendre ses actifs, pourquoi ?
Question 3 : Pourquoi l’offre de liquidité finit-elle par disparaitre ?
Document 13: Quand la somme des intérêts individuels divergent de l’intérêt général
Les acteurs d’un système économique peuvent se comporter rationnellement de leur propre point de vue, mais le résultat peut être nuisible du point de vue de la collectivité dans son ensemble. (…) Prenons un actif risqué auquel une banque s’expose fortement. Si les choses se passent bien, l’actif aura un fort rendement et les actionnaires recevront beaucoup d’argent ; si les choses vont mal, l’actif perdra une partie de sa valeur, les actionnaires ne recevront rien et les créanciers, et peut-être les salariés aussi souffriront. Il y a alors une externalité négative sur les parties prenantes. De plus, il est possible que la banque puisse continuer à emprunter malgré sa prise de risque si les prêteurs pensent que l’Etat viendra sauver la banque en cas de difficultés. Dans ce cas, la divergence entre intérêt individuel et collectif est claire ; selon la formule consacrée, les gains sont privatisés et les pertes socialisées. (…) Une autre cause de dysfonctionnement (…) provient du système de rémunération. Qu’ils soient dus à une connivence entre le comité de rémunération du conseil d’administration et les dirigeants ou à la volonté d’attirer les meilleurs talents, les bonus encouragèrent les comportements court-termistes observés pendant la crise financière de 2008.
Source : Economie du Bien Commun, J. Tirole, 2018
Question 1 : Pourquoi J. Tirol écrit-il que lors d’une crise financière comme celle de 2008, les gains sont privatisés et les pertes socialisées ? Pourquoi est-ce un cas d’externalité négative ?
Document 14: Les inégalités sont-elles à l’origine des crises ?
C’est la thèse des économistes Michael Kumhof et Romain Rancière. Dans un article publié fin novembre pour le FMI, ils rapprochent la montée des inégalités de celle de l’endettement des ménages. Pour eux, c’est le point commun entre les décennies précédant la crise économique actuelle et celles d’avant la Grande dépression de 1929. Entre 1910 et 1929 comme entre 1989 et 2008, la part des revenus de la fraction de 1% des ménages les plus riches est en effet passée de 15% à 25%. « On a étudié comment les agents réagissaient à cette tendance, explique Romain Rancière, professeur associé à la Paris School of Economics. On a constaté que malgré l’érosion de leurs salaires, les Américains ‘d’en bas’ cherchaient à maintenir un certain standard de vie, comparable à celui des Américains ‘d’en haut’. L’expression anglaise ‘keeping up with the Joneses’ est symptomatique de cette culture où les gens se comparent constamment les uns aux autres et veulent avoir la même maison ou la même voiture que le voisin ». Les ménages pauvres ont donc abondamment emprunté pour compenser la stagnation de leurs revenus. Mais pour emprunter, il faut qu’il y ait des prêteurs. Et justement, les ménages aisés étaient à la recherche de rendements élevés pour placer leur surplus d’épargne. La soif d’endettement des ménages pauvres leur a permis d’investir dans des produits financiers adossés sur ces crédits. A noter que cette volonté d’emprunter des uns et d’épargner des autres a augmenté les besoins en services financiers et donc gonflé le secteur, dont la taille a doublé entre 1981 et 2007 pour atteindre 9% du PIB. Le gouvernement a quant à lui encouragé ce processus dans les années 90 en dérégulant le marché bancaire et en poussant Fannie Mae et Freddie Mac à accorder des prêts immobiliers aux ménages les plus modestes. De fait, il est plus facile de masquer les inégalités en encourageant le crédit facile plutôt que de s’y attaquer à travers des politiques de redistribution. « Le problème, c’est que cet endettement excessif des classes pauvres et moyennes a fragilisé le système financier : quand les prix de l’immobilier ont arrêté de progresser, des emprunteurs ont fait défaut en masse, et cela a déclenché la crise en 2007, poursuit l’économiste. La réduction des inégalités n’est donc pas seulement une question de justice sociale. C’est aussi une nécessité pour empêcher l’éclatement de nouvelles crises financières ».
Source :https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/les-inegalites-sont-elles-responsables-de-la crise_1397021.html
Question : Comment l’économiste R. Rancière explique-t-il la crise financière de 2008 ? Par quels mécanismes une crise financière provoque-t-elle une dépression économique ( baisse du PIB et hausse du Chômage) ?
10.4 Quels sont les principaux canaux de transmission d’une crise financière à l’économie réelle ?
Objectif: Connaître les principaux canaux de transmission d’une crise financière à l’économie réelle : effets de richesse négatif, baisse du prix du collatéral et ventes forcées, contraction du crédit.
Document 15: Les principaux canaux de transmission d’une crise financière à l’économie réelle
La crise de 2008, comme celle des années 1930 et la plupart des crises financières, qui se manifestent notamment par la baisse du prix des actifs financiers, des faillites bancaires et la disparition de la confiance, a des conséquences sur l’économie réelle, entraînant notamment une baisse de la production et une montée du chômage. Les économistes utilisent l’expression canaux de transmission pour désigner l’ensemble des mécanismes et processus par lesquels un choc dans la sphère financière se transmet à la sphère réelle — le monde de la production de biens et services non financiers. Deux canaux principaux sont à l’origine de la transmission de la crise financière à l’économie réelle : – la réduction du financement de l’économie, du fait d’une contraction du crédit, d’une part ; – les effets de richesse négatifs sur la consommation et l’investissement des ménages et entreprises, d’autre part. Ces deux canaux sont renforcés par un troisième phénomène qui aggrave la contagion : la baisse du prix du collatéral et les ventes forcées.
Source : https://www.college-de-france.fr/media/campus-innovation lycees/UPL1515394288498884297_Classe_de_terminale___Science_economique___Chapitre_4.pdf
Question: Qu’ appelle-t-on « canaux de transmission » d’une crise financière à l’économie réelle ?
Document 16: Effets de richesse négatifs
En 1933, I. Fisher publie un article intitulé « La théorie des grandes dépressions par la dette et la déflation ». Dans son article, Fisher insiste sur l’instabilité de l’économie (…) La cause essentielle des booms et des dépressions réside dans une succession de phase de surendettement suivies de phases de déflation. (…) Lorsque les marchés financiers se retournent à la baisse, « l’affolement des débiteurs ou des créanciers ou des deux » conduit à des ventes en catastrophe de titres (et plus généralement d’actifs), car les débiteurs cherchent à se désendetter. Mais ce comportement conduit, par un effet d’agrégation, à aggraver la situation. En effet, les prix baissent (déflation), de ce fait la valeur de la monnaie augmente et le poids réel de l’endettement s’accroit. (…) « Plus les débiteurs remboursent plus ils doivent ». Fisher souligne que la déflation a des effets réels : baisse de la production et hausse du chômage. La situation conduit à des paniques bancaires, ce qui amplifie la déflation et la dépression. Si la crise est endogène, la reprise ne l’est pas, ce qui confirme le fait que le système économique n’est pas autorégulateur.
Source : A. Beitone et C. Rodrigues, Economie monétaire, A. Colin, 2017
Question : Expliquer la phrase : « Plus les débiteurs remboursent plus ils doivent ».
Document 17: Risque de crédit et collatéral
Le mot anglais « collateral » se traduit littéralement par « garantie » et le terme collatéral, qui désigne ces garanties, est devenu d’usage courant en français dans le domaine de la finance. (…)Certaines transactions financières impliquent un risque de crédit, c’est-à-dire un risque que l’une des contreparties fasse défaut avant d’avoir rempli son obligation (par exemple rembourser de la liquidité empruntée sur le marché interbancaire). Pour pallier ce risque, du collatéral est utilisé par les contreparties à la transaction. Il correspond à la garantie financière dont un créancier (la contrepartie A dans le schéma ci-dessous) bénéficie pour se protéger contre le risque de défaut de son débiteur (la contrepartie B). En cas de défaillance du débiteur B, le créancier A a le droit de conserver les actifs remis en garantie afin de les « réaliser » par voie de vente ou d’appropriation et de couvrir ainsi la perte financière subie.
Source : https://publications.banque-france.fr/sites/default/files/media/2018/12/18/818172_chapitre_15.pdf
Question : Qu’est-ce qu’un collatéral ? Quel était le collatéral au moment où la bulle s’est formée pendant les subprimes aux Etats-unis ?
Question: Quel était le collatéral avant la crise de 1929 ?
Document 18: Risque de crédit, risque d’insolvabilité et risque de liquidité
Les économistes appellent risque de crédit la menace que fait peser le non-remboursement du crédit par le prêteur pour la solvabilité* de la banque. Mais la qualité des prêts octroyés peut aussi avoir d’autres effets sur la solvabilité et même la liquidité** de la banque. En effet, plus largement, elle utilise les contrats qu’elle émet comme collatéral — comme garantie — pour emprunter à très court terme sur le marché monétaire auprès d’autres institutions financières les liquidités dont elle a besoin pour honorer ses engagements. Si ces contrats venaient à perdre leur valeur, ils ne pourraient plus servir de garantie et la banque aurait des difficultés à se procurer les liquidités dont elle a besoin, courant ainsi un risque de liquidité. En somme, la solvabilité de la banque est directement liée à la valeur des contrats de prêts qu’elle a octroyés et plus largement à la valeur de tous les actifs (actions, obligations, etc.) qu’elle détient. Si la valeur de ces contrats venait à diminuer, la valeur de la banque diminuerait, la menaçant possiblement de faillite.
Source: https://www.college-de-france.fr/media/campus-innovation lycees/UPL1515394288498884297_Classe_de_terminale___Science_economique___Chapitre_4.pdf
Solvabilité* : Capacité à rembourser ses dettes (grâce à son revenu et son patrimoine) Liquidité** : Capacité à transformer rapidement et sans coût un actif en monnaie
Question 1 : Pourquoi la qualité des prêts octroyés peut-elle avoir des effets sur la solvabilité de la banque ?
Question 2 : Pourquoi la perte de valeur du collatéral peut conduire une banque à manquer de liquidité ?
Document 19: La titrisation : une innovation financière pour se protéger du risque de crédit mais qui crée une situation d’aléa moral
Lorsque notre banque nous consent un prêt immobilier sur 15 ans, elle peut choisir de garder ce prêt dans son bilan. Elle continuera alors de recevoir l’intégralité des intérêts dus et le remboursement du principal durant les 15 années de prêt. Mais elle peut aussi sortir ce prêt de son bilan. Elle vend alors (les revenus associés à) ce prêt à d’autres acteurs, par exemple une autre banque ou un fonds de placement ; ou plutôt, en pratique, elle regroupe un certain nombre de ces prêts et les revend sous forme d’un titre financier, dont les dividendes ou coupons proviendront des remboursements que nous ferons sur nos prêts immobiliers. Entre ces deux extrêmes, la banque peut titriser une partie de son portefeuille de prêts immobiliers et en conserver une autre partie (…) ; la partie conservée sert à responsabiliser la banque, qui sera plus attentive dans l’octroi de ses prêts immobiliers si elle sait qu’elle ne pourra pas en transférer tout le risque à d’autres. Car la titrisation déresponsabilise : l’émetteur perd ses incitations à surveiller la qualité de ses prêts s’il sait qu’il n’en subira pas les conséquences. Le danger est donc que l’émetteur émette, puis se débarrasse, à travers la titrisation, des prêts trop risqués. (…) L’aléa moral en action….
Source : Economie du Bien commun, Jean Tirole, 2018 ; p°402-403.
Question: Pourquoi la titrisation déresponsabilise-t-elle la banque et crée-t-elle une situation d’aléa moral ?
Document 20

Source : Dictionnaire de Science économique ; A. Beitone, A. Cazorla, E. Hemdane
Document 21: Multiplication des situations d’aléa moral sur les marchés financiers et amplifications des risques
Comme l’explique Didier Marteau (2016, p. 197) « La crise financière de l’été 2007 a rapidement été comparée à la crise de 1929. A tort. Avec un peu de recul, on s’aperçoit que les origines des deux crises sont fort différentes. La dernière crise ne peut se comprendre sans une lecture microéconomique approfondie, complémentaire de l’analyse macroéconomique. Car cette crise est avant tout le produit, d’une part de la défaillance de la régulation, d’autre part de la multiplication des situations d’aléa moral sur les marchés financiers. »(…) Le principal risque que font courir les activités bancaires et financières au système économique provient de l’aléa moral. (…). L’aléa moral apparaît ainsi à tous les échelons du système bancaire et financier : de la vente d’un crédit par un courtier puis son octroi par une banque à sa revente sous forme de produit financier innovant à un fond spéculatif par un trader pariant avec les fonds de sa banque, elle-même couverte par les fonds publics au moyen des garanties de la banque centrale ou de l’Etat. (…) L’aléa moral apparaît ici : les créanciers ont fait confiance à la banque en déposant leurs fonds mais ils n’ont pas les moyens de contrôler l’utilisation qu’elle en fait. La banque peut adopter un comportement plus risqué que ne le souhaitent ses créanciers. (…). L’aléa moral des banques peut donc conduire à de très fortes externalités négatives touchant tout le système économique. Source:https://www.college-de-france.fr/media/campus-innovationlycees/UPL1515394288498884297_Classe_de_terminale___Science_economique___Chapitre_4.pdf
Question : Quelles sont les solutions préconisées par les économistes face aux situations d’aléa moral et d’externalités négatives ?( cours de première sur les marchés imparfaits)
10.5 Quels sont les principaux instruments de régulation du système bancaire et financier ?
Objectif: Connaître les principaux instruments de régulation du système bancaire et financier qui permettent de réduire l’aléa moral des banques : supervision des banques par la banque centrale, ratio de solvabilité.
Document 22: Deux façons de réguler le système financier
Parler de régulation des crises financières renvoie à deux problèmes différents :
-d’une part, lorsque la crise se déclenche, il s’agit de gérer, c’est-à-dire d’en limiter les effets, de maitriser les effets de contagion, d’éviter que l’on ne débouche sur un scénario catastrophe. L’absence de réaction (ou de réaction adéquate) des autorités américaines face au Krach d’octobre 1929 sert souvent d’exemple de ce qu’il ne faut pas faire
-il s’agit d’autre part, en amont des crises (mais parfois sous la pression de l’urgence), de mettre en place des institutions permettant de prévenir les crises financières en empêchant le gonflement des bulles qui débouchent inévitablement (en l’absence de mesure adéquates) sur un éclatement.
Source : Economie, sociologie et histoire du monde contemporain ; sous la direction de Alain Beitone ; collection U, A. Collin, 2016 ; p°575
Question 1 : Rappelez les moyens dont dispose les Banques Centrales pour réagir face à une dépression économique ? (Cours sur l’Europe)
Question 2 : Rappelez le type d’institution pouvant inciter les agents économiques à intégrer dans leurs calculs les externalités?
La garantie des pouvoirs publics (Banque Centrale et Etats) pour fournir les liquidités nécessaires en cas de crise
Document 22: Une intervention des pouvoirs publics pour garantir la confiance dans le système
Pour tenter de pallier ce problème d’aléa moral, les Etats ont mis en place une première forme de régulation, notamment aux Etats-Unis en 1933 : un filet de sécurité public consistant à faire garantir par l’Etat les dépôts bancaires pour rassurer les épargnants de retirer leurs fonds en cas de retournement des anticipations. Outre l’assurance dépôt qui est une règlementation explicite, la régulation s’est aussi effectuée au moyen :
- de la banque centrale qui, en tant que prêteur en dernier ressort a injecté des liquidités auprès d’une banque ou du système financier pour éviter les paniques bancaires en chaîne ;
- de l’Etat qui a pu renflouer ou nationaliser temporairement certaines institutions financières comme ce fut le cas en 2008, leur évitant la faillite en leur octroyant des fonds publics en provenance des contribuables. Cependant, cette régulation a des effets ambivalents : si elle protège les déposants en empêchant les banques de faire faillite… elle empêche effectivement les banques de faire faillite. Or, le risque de faillite, par la discipline de marché qu’il impose, est un mode de régulation qui conduit un agent à éviter les comportements les plus risqués. Protéger les banques de la faillite correspond à leur proposer de jouer à un jeu du type « pile, je gagne ; face, le contribuable perd » (Mishkin, 2013, p. 363) car l’Etat utilisera les fonds des citoyens pour sauver les banques. Une régulation de ce type conduit donc à augmenter la prise de risque des banques plutôt qu’à la diminuer. Ces problèmes sont amplifiés pour les banques qui ont une taille qui les rend systémiques, c’est-à-dire que leur faillite entraînerait un dysfonctionnement du système financier tout entier : faillites bancaires en chaîne et faillites des déposants (ménages et entreprises) dans des volumes si importants que la stabilité du système économique serait menacée. Les régulateurs sont ainsi encore moins enclins à laisser une grande banque faire faillite, ce qui conduit ces dernières à se considérer comme too big to fail (« trop gros pour fairefaillite »), accroissant encore la certitude qu’elles ont d’être sauvées en cas de problème.
Source: https://www.college-de-france.fr/media/campus-innovation lycees/UPL1515394288498884297_Classe_de_terminale___Science_economique___Chapitre_4.pdf
Question: De quel type de régulation est-il question dans ce texte ?
Question: Quel est le but des politiques macroéconomiques conjoncturelles (politique monétaire et politique budgétaire ?) Ces politiques macroéconomiques suffisent-elles à lutter contre les crises financières ? Pourquoi ?
Les règles prudentielles instaurées par les pouvoirs publics pour garantir la solvabilité des banques
Document 23: Des accords internationaux pour réglementer les pratiques bancaires ( Accords de Bâle)
Les banques se doivent d’être d’une grande solidité financière compte tenu des effets d’une faillite éventuelle d’une banque sur la stabilité de tout le système financier et, au-delà, de l’économie tout entière. Cette solidité financière est essentiellement mesurée par le montant des fonds propres de la banque qui détermine sa capacité à faire face aux risques éventuels liés à ses activités (non remboursement de crédits distribués ou autres pertes de valeur de ses actifs).
Les banques doivent être en permanence solvables, c’est-à-dire pouvoir faire face à leurs engagements à tout moment. En effet, si les clients de la banque qui ont déposé chez elle leur argent (dépôts à vue) doutent de sa solidité financière, ils risquent de perdre confiance et de retirer leurs dépôts, précipitant la banque (et tout le système s’il s’agit d’une banque importante) dans des difficultés majeures. C’est pourquoi La Banque des Règlements Internationaux (BRI) dont le siège est à Bâle (Suisse) a établi des ratios de solvabilité que toutes les banques doivent respecter. Un premier ratio a été créé dès 1988. On l’appelle ratio de Bâle I (ou ratio Cooke) : Ce ratio se mesurait en comparant le niveau des engagements d’une banque (crédits et autres placements) au montant de ses fonds propres (capital apporté par les actionnaires et profits de la banque). Il était égal à 8 %. Cela signifiait que pour prêter un total de 100 millions d’euros une banque devait avoir au minimum 8 millions d’euros de fonds propres pour être considérée comme solvable. Les accords dits de Bâle II ont permis de mettre en place à partir de 2006 un ratio de solvabilité fondé sur le même principe du rapport entre les fonds propres et le montant des crédits distribués pondérés par les risques associés. (…)La crise de 2007/2008 a montré les insuffisances des règles concernant les ratios de solvabilité. D’une part, ils ont été contournés par les banques dans le cadre de la titrisation. D’autre part, ils se sont avérés insuffisants pour limiter l’effet de levier des banques et des prises de risques excessives de leur part. Le Comité de Bâle de la BRI, a adopté le 12 septembre 2010 de nouvelles règles concernant les fonds propres des banques (règles dites de Bale III). L’accord a été avalisé par les chefs d’Etat et de gouvernement lors de la réunion du G20 à Séoul, les 11 et 12 novembre 2010. Le minimum de fonds propres que les banques doivent détenir a été relevé.
Source : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/marches-financiers/ Question: Relever la définition de « ratio de solvabilité ». De quel type de régulation s’agit-il ? A quel niveau de gouvernance ce type de régulation se situe-t-il ? Pourquoi ?
Document 24: Un renforcement des accords internes
Les réformes ont d’abord porté sur le renforcement des exigences de fonds propres avec les accords de Bâle 3 (2010). Ces exigences ont été renforcées en qualité et en quantité: les banques sont un peu plus qu’auparavant en capacité d’assumer leurs pertes. Pour la plupart d’entre elles, le minimum réglementaire est passé de 8% à 10,5% auxquels peut s’ajouter un coussin contracyclique de 0 à 2,5% de fonds propres supplémentaires (0% lorsque le crédit bancaire progresse peu, jusqu’à 2,5% en cas d’emballement du crédit repéré par les autorités de supervision). Des surcharges dites « systémiques », visant les établissements listés comme tels, s’appliquent désormais et pourront aller jusqu’à 3,5% d’exigences de fonds propres supplémentaires. Cela va dans le bon sens car les banques souffraient avant la crise d’une insuffisance de fonds propres. Reste que la philosophie d’ensemble du dispositif n’a pas changé : l’exigence reste calculée en % des actifs risqués. Or le caractère risqué des actifs est évalué par les banques elles-mêmes lorsque celles-ci disposent de modèles internes validés par les superviseurs. Ces modèles varient beaucoup d’un établissement à l’autre et plusieurs travaux (cités par Andrew Haldane, actuel chef économiste de la Banque d’Angleterre) montrent qu’ils permettent une manipulation des pondérations, c’est-à-dire une sous-estimation des risques et des fonds propres qui vont avec. Un ratio plus simple de fonds propres rapportant l’exigence au total des actifs non pondérés (ratio de levier) empêcherait ces manipulations. Un tel ratio a été introduit de manière complémentaire dans les accords de Bâle 3, mais avec un minimum de 3% qui le rend peu ou pas contraignant. Andrew Haldane ou encore les économistes Anat Admati et Martin Hellwig défendent un niveau de 15% à 20% …(…) L’Union bancaire, qui réorganise la supervision des banques d’importance de la zone euro autour de la BCE et met en place un dispositif de résolution des établissements bancaires à l’échelle européenne, constitue aussi un pas important. Il faudra toutefois veiller à ce que le projet aille à son terme. (…). Un mécanisme de ré-assurance jusqu’en 2020 puis de co-assurance jusqu’en 2024 vont être mis en place, mais il ne sera pas question d’assurance dépôt européenne avant 2024. Les dispositifs de résolution, comme celui qui fait partie du deuxième volet de l’Union bancaire sont un pan extrêmement important des réformes puisqu’ils rétablissent le bon ordre des choses : en cas de problème, actionnaires et créanciers seniors (non protégés par la garantie des dépôts) devront être mis à contribution avant les pouvoirs publics et donc aussi avant les contribuables. (…) Ces dispositifs qui prévoient donc une clause de renflouement interne (bail-in) vont renchérir le coût des ressources de marché des grandes banques qui pouvaient auparavant profiter pleinement de la garantie d’intervention des pouvoirs publics en cas de difficulté.
Source :« Bale 3 questions à Jézabel COUPPEY-SOUBEYRAN sur les réformes du système bancaire », article publié le 16/09/2016 surhttp://ses.ens-lyon.frhttp://ses.ens-lyon.fr/articles/3-questions-a-jezabel-couppsoubeyran-sur-les-reformes-du-systeme-bancaire
Question: Relever les différentes mesures qui ont été prises par les pouvoirs publics au niveau international pour réguler le système financier depuis 2008.
Question : Montrer que la « clause de renflouement interne »(dite « bail-in) est susceptible d’internaliser les externalités négatives et de faire converger les intérêts individuels avec l’intérêt général
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